Il y a de cela 15 ans, l’euro était implanté dans douze pays de l’Union européenne. Porte-étendard d’un nouveau modèle économique, d’une quasi-fédération de marchés partageant une devise commune, la monnaie unique a toujours eu ses détracteurs et ses partisans, mais tous s’entendent pour dire que depuis 2002, l’économie a bien évolué.
Parmi les signes de ce changement de direction, le foisonnement des monnaies locales, dont l’usage et la valeur fiduciaire est restreint à une ville ou à une région donnée, illustre à merveille un retour relatif au « petit marché ». Alors qu’ici, au Québec, le mouvement de l’« achat local » a le vent en poupe, des villes européennes comme Bristol et Toulouse, elles, ont pris les devants en créant une économie parallèle dans leur aire urbaine dans le but d’encourager le marché local.

Billets de la Bristol Pound, monnaie locale « modèle » en Europe.
Ada Colau, mairesse de Barcelone, désire toutefois aller plus loin. Déjà dans sa plateforme électorale, avec laquelle elle a supplanté le maire sortant aux élections de 2015, elle parlait d’implanter une monnaie parallèle, qu’elle qualifiait dès lors tant de « locale » que de « sociale ».

Ada Colau, mairesse de Barcelone depuis 2015.
L’usage de cette monnaie, dont la forme et le nom exacts restent encore à déterminer, ne viserait pas uniquement à encourager l’achat local; la devise barcelonaise permettrait également à la ville de financer de petites entreprises et même d’octroyer des subventions et des microcrédits à des personnes en situation précaire.

Logo du projet.
Mais c’est justement là que la future monnaie pose problème aux yeux de Madrid. En effet, la Banco de España avait déjà indiqué en 2015 craindre l’implantation d’une telle devise parallèle, qu’elle a qualifiée d’« indésirable », voire d’« impossible », en dépit des exemples de réussite comme la ville de Bristol, au Royaume-Uni.
Les opposants au projet dénonce également que la monnaie soit associée, à leur avis, au mouvement indépendantiste, même si son usage en soi n’encouragerait que l’économie locale dans la région de la capitale. De ce fait, le Partido Popular de Catalogne, parti conservateur anti-indépendance, rejette l’idée du revers de la main.
2017 devrait pourtant voir les balbutiements du projet de monnaie unique, qui, si elle est bel et bien introduite cette année, risque fort d’être virtuelle. D’ici deux ans, elle circulerait dans des quartiers moins nantis de Barcelone, avant d’intégrer l’économie de toute la ville en 2019.
Si cette monnaie sociale est un succès, Barcelone deviendra la plus grande ville européenne à mener à bien un tel projet. Tout ce dont Ada Colau et ses conseillers ont besoin, c’est une confiance forte en cette devise, sans laquelle elle se tranformerait en un projet mort-né. Heureusement, si la tendance se maintient, une importante partie des conseillers à la mairie et une majorité des Barcelonais seront favorables à l’initiative de la mairesse et chef de Barcelona en Comú.
Qui sait donc si, près de dix ans après la crise économique ayant durement frappé le pays, Barcelone ne deviendrait pas dans quelques années le porte-étendard d’une nouvelle économie à échelle plus humaine et aux motivations anticapitalistes. Dossier à suivre!
Sources:
http://gaceta.es/noticias/junqueras-eurocat-moneda-catalana-independencia-30052016-1152
http://www.20minutos.es/noticia/2888065/0/prueba-piloto-barcelona-moneda-local-virtual-ada-colau-en-comu-podem/
http://www.larazon.es/espana/junqueras-impulsa-la-moneda-catalana-en-pleno-riesgo-de-quiebra-AB12754253
http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/11/14/catalunya/1479126762_781950.html
Images:
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